Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/369

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rité des choses, on espérait enlever au spiritualisme son meilleur argument sentimental ?[1].



Le programme, quoiqu’il en soit et si programme il y a, n’a pas présenté les mêmes facilités d’exécution dans les campagnes, méfiantes par nature et peu disposées à favoriser les dangereuses entreprises de l’esprit de nouveauté, surtout en matière de sépulture.

Du moins, jusqu’en ces derniers temps, la plupart de nos bourgs bretons restaient-ils fidèles à leurs vieux cimetières, annexe de l’église paroissiale, situés comme elle, non dans la périphérie, mais au cœur du village et de plain-pied avec la route. Les morts qui dormaient là n’étaient guère exigeants. Modestes, ils se contentaient généralement, même les plus riches, d’une dalle de schiste et d’une croix. À l’Ile-Grande, le seigneur de Keroult, fondateur de la chapelle, avait voulu que sa dalle funéraire précédât immédiatement le seuil, afin que les pieds des fidèles la foulât en entrant et en sortant. Quand les grands de la terre donnaient de tels exemples d’humilité, comment les morts du commun n’eussent-ils pas imposé silence aux suggestions de leur vanité ? Vous ne trouveriez pas un cénotaphe, pas un mausolée dans nos petits cimetières bretons. C’est à qui s’effacera devant son voisin. Et cependant, Barrès, ces cimetières sont beaux comme des musées.

Tout notre patrimoine artistique ou presque est rassemblé là : châteaux d’eau merveilleux, comme

  1. Suggestion déjà ancienne et qu’on trouvera formulée, presque dans les mêmes termes, au tome II de l’Âme Bretonne : Charniers et ossuaires.