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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/371

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Ou plutôt, elles pèchent par un défaut singulier : le principal y est presque toujours sacrifié à l’accessoire.

Cela va au point qu’on a pu soutenir que le style d’une église de Bretagne réside moins dans l’église elle-même que dans ses appendices : clochers, porches, sacristies, ossuaires, calvaires, etc. Détachés de l’édifice ou faisant corps avec lui, ces monuments sont toujours contenus les uns et les autres dans l’étroit espace du cimetière paroissial. Visiblement c’est à meubler et décorer cet espace qu’on a songe d’abord. Et peut-être faudrait-il retourner les termes et dire qu’en Bretagne le cimetière est le principal et l’église l’accessoire. Il n’y aurait plus lieu d’accuser nos architectes d’avoir manqué aux proportions, puisqu’ils n’auraient fait que se conformer à la pensée intime des fidèles.

Un des chapitres du beau livre de Camille Jullian sur les origines gauloises s’intitule : L’Armorique terre des morts. L’auteur, frappé du nombre extraordinaire de dolmens, peulvans, cromlec’hs, grottes sépulcrales, etc., qu’on rencontre dans toute la péninsule armoricaine et spécialement au bord de la petite Méditerranée morbihannaise, suppose que les premiers habitants de la Gaule[1] avaient là leur cimetière national. On sait tout au moins par Procope que, la nuit du ler novembre, le juge des morts, Samhan, recevait à son audience les âmes des trépassés de l’année et que ces âmes devaient l’aller trouver au fond de l’Occident. Peut-être, pour éviter aux plus illustres les fatigues d’un trop long voyage par terre, y transportait-on au préalable leurs enveloppes corporelles. Cette terre n’a pas été impuné-

  1. Henri Martin, (Histoire de France, t. I, L. III : la Gaule indépendante) avait déjà développé une hypothèse analogue.