Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/379

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ses plans. Mais je connais la littérature de notre époque, j’écoute avec un grand soin mes collègues à la Chambre : je ne vois pas un constructeur, mais seulement des démolisseurs. Démolir, quelle abjection !

Maintenant, mon cher Le Goffic, que pouvons-nous pour la sauvegarde des églises de France et des autres monuments de notre vie spirituelle ? Depuis quatre ans, nous combattons. L’intelligence française a sauvé son honneur en se dressant contre les barbares devant l’église du village. En cela, un résultat certain a été obtenu, et les parlementaires se sentiraient mal à l’aise d’afficher trop clairement un désaccord avec l’élite des penseurs et des artistes de notre pays. Mais nos ennemis sont puissants. S’ils ne nous contredisent plus guère, ils ajournent, ils rusent, ils cherchent à gagner des jours, des semaines, des années. Et, pendant ce temps, écoutez-moi bien, Le Goffic, il se créera un droit.

C’est la grande phrase que m’a dite Briand dans son cabinet : « Une jurisprudence se crée, ne bougez pas ; l’état de fait en se prolongeant se transforme en état de droit par le seul effet de sa durée. » C’est une pensée vraie ; on ne l’épuise pas en la creusant.

Sous nos yeux, à cette minute, il se crée un droit. Au profit de qui ? Il ne s’agit pas de me raconter que le bon droit est avec les églises. Il faut qu’elles aient la force avec elles. Où manque la force, le droit disparaît ; où apparaît la force, le droit commence de rayonner. Le droit des églises à rester catholiques est essentiellement dans la puissance, dans la persistance de l’idée qui est en elles. Mon cher Le Goffic, on maintiendra les édifices à la disposition du prêtre et des fidèles tant que ceux-ci