Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/380

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seront assez nombreux et ardents pour que la paix publique soit compromise par un retrait. C’est l’intensité de la foi qui maintiendra et se recréera, en dépit de la loi, un droit légal au profit du catholicisme.

Si vous voulez que je vous confesse toute ma pensée, je dois vous dire, Le Goffic, que nos églises et nos cimetières ne peuvent être sauvegardés pleinement que dans la mesure où la vie religieuse se maintiendra au village. Le jour où les églises deviendraient des objets respectés à cause de leur passé, des monuments curieux, quelque chose comme des dolmens, des peulvans ou des cromlec’hs, bref de gros bibelots sur la colline, elles seraient perdues, et le reproche d’ingratitude ne suffirait pas à convaincre les générations de les maintenir. La solidité physique des sanctuaires, c’est d’être moralement féconds, et vos cimetières mériteront d’être conservés dans la mesure où les ombres des morts sauront encore parler aux vivants.

Parlons, écrivons, plaidons, projetons le plus de lumière que nous pourrons sur la noble église du village. La plus belle louange que nous pourrons dire n’est rien auprès du service que lui rend le prêtre, s’il la remplit de fidèles. Nos raisonnements iront bien difficilement émouvoir les conseillers municipaux, qu’il s’agit pourtant que nous persuadions[1] ; nous rejoindrons plus péniblement encore leurs électeurs de qui tout dépend en dernier ressort. Ne ménageons pas notre peine ; nous en sommes abondamment dédommagés par l’honneur de servir une telle

  1. Celui de Perros-Guirec nous a en effet entendus, mon éminent interlocuteur et moi : un nouveau cimetière a bien été ouvert aux issues de la commune, mais l’ancien n’a pas été désaffecté et l’on vient d’y élever un Monument aux morts de la grande guerre.