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qui commença par les plus pauvres, mais enfin elle attaqua, sans exception de personnes, aussi bien aux riches qu’aux pauvres et en moururent les plus huppés…, et ce en punition des péchés des hommes qui y étaient si débordés que l’on n’y savait plus prier Dieu que par manière d’acquit.[1] »

Le « sieur » de Kerérault était sans doute de ces « plus huppés ». Encore est-il qu’il racheta par sa fin les désordres de sa vie, si tant est qu’on lui en puisse imputer. L’ancien manoir de Kerérault, l’une des très rares maisons nobles de la paroisse, n’existe plus : il a été remplacé par un manoir plus moderne, dans lequel on a encastré quelques débris de l’ancien, comme le joli arc en ogive de la porte principale et la pathétique inscription qui le surmonte :

MOVRIR POVR VIVRE
VERTV SVIVRE
VRAY HONEVR RETNIR
DE KERAVLT LE DÉSIR

Une traduction bretonne du premier vers de ce quatrain : MERVEL DA BEVA se lit sur une autre pierre encastrée dans l’aile droite de l’habitation. Il paraît certain, d’ailleurs, que, si le sieur de Kerérault fit les frais du futur calvaire, il n’en fut pas l’ordonnateur. Cet honneur revient aux personnages dont les noms sont gravés en caractères romains sur le fronton du monument :

CE MACÉ FUT ACHEVÉ A A 1602. M. A. CORRE
F. PERRIOU BAOD CURE
1604 J. KGUERN : L. THOMAS : 0. VIGOU
FAB. ROUX CURE
  1. Histoire de ce qui s’est passé en Bretagne durant les guerres de la Ligue, ch. xliii.