Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/414

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M. Antoine Thomas découvrait l’autre jour, sur un vieux registre de Sorbonne, cette phrase écrite en breton par le clerc Henri Dabelou, du diocèse de Quimper, et datée de l’an 1360. C’est le plus ancien texte, paraît-il, qu’on possède en moyen armoricain ; c’est le premier cri de la race parvenue à la conscience. Et c’est un appel déjà tout moderne par le fond, sinon par l’accent, aux justes sanctions qui doivent frapper les fauteurs de mauvais coups. En tout temps, la révélation d’un pareil texte eût réjoui les Bretons ; mais que cette révélation se soit produite au cours de la cinquième et dernière année de l’affreuse guerre où tant d’entre eux sont tombés pour la défense du droit outragé, il y a là, semble-t-il, plus qu’une simple coïncidence et comme une intention du Destin. Ils ont été pendant ces cinq ans partout où il y avait à recevoir des horions et à en donner ; ils ont couru sus partout et tant qu’ils ont pu aux bandits d’outre-Rhin. On les a vus à Charleroi et sur la Marne, sur l’Yser, sur l’Aisne, sur la Somme, à Verdun, où l’ennemi pour expliquer ses sanglants échecs devant Douaumont, alléguait la résistance opiniâtre des régiments bretons, « les meilleurs de tous », d’après la Gazette du Rhin et de Westphalie…

Les meilleurs ? Ne donnons pas de rangs ; n’établissons pas de préséance entre les contingents de nos diverses provinces. Tous ont été admirables, c’est entendu. Il suffit qu’en revendiquant la palme pour lui-même, chacun en particulier la décerne après lui aux contingents bretons, comme ce Sénégalais qui disait à un soldat du 10e corps, le soir des premières attaques de Champagne :

— Toi Briton ? Briton y en a bon. Briton li pas peur.