Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/91

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toria, étant directement expédiées sur Londres comme les fraises de Plougastel et ayant à fournir une traite deux fois plus longue.

Les Anglais ne connaissent donc point la culture des fraises ? Si fait ! Ils possèdent, tout comme nous, des fraisières sous châssis et des fraisières à l’air libre, dont les plus considérables sont situées en Écosse, à Roslin, et dans le comté de Kent, à Tiptree Heath. Les estrawberries de Roslin sont même si renommées qu’à en croire un voyageur français, M. Paul Toutain, on organise pendant l’été, d’Édimbourg à Roslin, pour les amateurs de fraises, des « trains de gourmandise ». Quant aux exploitations de Tiptree Heath, on peut juger de leur importance par ce fait que les pompes élévatoires n’y distribuent pas moins de 3.500 gallons d’eau par heure (le gallon vaut 4 litres 523). Mais les fraises anglaises sont, en général, très tardives, insuffisamment sucrées et propres, tout au plus, à faire des confitures. De grandes usines à vapeur sont, effectivement, annexées aux exploitations de Tiptree Heath et l’on y traite les fraises sur place.

Les fraises françaises, à la différence des fraises indigènes, entrent, au contraire, dans la consommation immédiate. Elles sont servies en boîtes ou en paniers sur les tables. À Plougastel, les expéditions se font soit dans des « fardeaux » (couple de petites boîtes oblongues en forme de cercueil, nommées peut-être de là « carchets », corruption du mot breton arched, cercueil), soit en d’élégantes corbeilles de paille jaune et violette fabriquées dans le Vaucluse, soit encore dans les espèces de cribles appelés « cageots ».

Et sans doute on apporte le plus grand soin à la cueillette du produit. Les journaliers et journaliè-