Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/96

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C’est un prix très supérieur à celui des autres terres de Bretagne, sauf autour de Roscoff et dans cette zone privilégiée du Trégor qu’on appelle « la ceinture dorée ». S’agit-il de terres froides ? L’hectare tombe tout de suite à 6.000, même à 5 et à 4.000 francs. La différence est sensible. Plougastel, d’ailleurs, ne produit pas que des fraises : il produit aussi des petits pois (200 quintaux), des choux et des haricots verts de primeur, qui s’exportent, comme les fraises, sur les marchés anglais, tandis que ses nèfles, prunes, cerises, pommes et poires au couteau vont alimenter les marchés de l’intérieur. Sauf sur la rive de l’Elorn, lande et bois, de Saint-Jean à Kéralliou, et sur le plateau, où l’on cultive un peu de céréales, toute cette péninsule n’est donc que vergers, jardins fruitiers et maraîchers. Et, pour une partie de sa population, la pêche ajoute son appoint aux revenus du sol : petite pêche, sans doute, qui ne comporte guère les lointaines expéditions, qui se fait en rade, par beau temps, et se borne au dragage des coquilles de St-Jacques[1], mais qui suffit pour

    terre par boezal, qui vient évidemment du mot français boisseau (140 litres d’orge, avec lesquels on doit régulièrement semer 30 ares ou un boezal).

  1. Erreur. Et, bien avant la guerre, déjà, les pêcheurs-cultivateurs de l’Auberlac’h, du Caro, de Saint-Claude, etc., avaient singulièrement étendu leur champ d’action et perfectionné leur armement : ce n’est pas la coquille de Saint-Jacques seulement — vendue alors 30 francs la « sacquée » de 50 kilos et dont les bancs d’ailleurs commençaient à s’épuiser — qu’ils draguaient du 15 septembre au 1er mai ; ils draguaient aussi les huîtres, les pétoncles, le maërl, amendement de premier ordre pour le froment, l’orge et les carottes ; ils poussaient même assez loin hors du goulet à la recherche des mulets et des bars. Leurs barques à deux mâts, hautes de bordage et basses de quille, comportent à l’avant un petit logement pour les hommes (4 par bateau et le mousse). Tel petit port plougastélois, comme l’Auberlac’h, possède ainsi une flottille de pêche forte de cinquante unités.