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UNE CELLULE DE L’ORGANISME BRETON

que la moitié de cette population de maraîchers soit inscrite sur les rôles d’équipage et touche une pension de la Marine.

— Nous n’avons pas ici de très grosses fortunes, me disait un notable du bourg : cinq ou six seulement, car les plus belles fermes ne dépassent pas 15 hectares, mais nous n’avons pas de pauvres non plus. Si vous voyez un mendiant sur nos routes, soyez sûr qu’il est étranger.



CONCLUSION.


L’heureux pays ! Le pays privilégié et peut-être unique que voilà ! Au terme de la longue enquête que je viens de conduire, j’essaie de dresser son image en moi, de ramasser mes souvenirs et d’en dégager une impression d’ensemble. Je revois en esprit ces costumes chatoyants et précis, ces intérieurs distribués sur un plan uniforme, ces noces collectives qui ressemblent à des mariages de clans, toute cette vie domestique si bien ordonnée et si bien accordée au rythme de la vie générale ; je songe aux chapellenies et aux breuriez qui encadrent l’individu dans son groupe spirituel, aux syndicats qui l’encadrent dans son groupe social ; je rapproche des extraordinaires qualités pratiques de ce peuple son attachement à la tradition, aux rites partout ailleurs périmés de la naissance, des fiançailles et de la mort, à tant de coutumes aussi anciennes que lui-même et qui nous reportent vers le mystère des origines ; j’évoque, entre leurs collines flexueuses, les coulées d’or de l’Auberlac’h, du Téven, du Caro, les vergers ruisselants de fruits, l’air qui sent la fraise et l’iode, les steamers qui appareillent dans la pourpre du