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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/130

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— D’ailleurs, à quoi cela servirait-il ? Tu viens de me dire que Saint-Yves-de-Vérité n’existe plus.

La mendiante se retourne vers Coupaïa :

— La chapelle du saint a été démolie. Le recteur de Trédarzec est celui qui a fait le coup ; son sacristain avait été voué et il est mort dans l’année même. C’est exact. Le pèlerinage ne peut plus s’accomplir sous son ancienne forme. Seulement, écoute bien, ma fille, tu t’emportes, tu ne veux pas te livrer, mais tu es une croyante. J’ai vu cela tout de suite en entrant ici ; les murs disent que tu pries… Moi, je sais où l’on a transporté la statue du Justicier.

Coupaïa ne répond pas. Quelle lutte sourde s’engage au fond d’elle ? La vieille a gagné le seuil ; son geste vague enveloppe la longue étendue des campagnes où elle va disparaître tout à l’heure et d’où elle ne reviendra plus.

— Dieu te donne ses grâces ! dit-elle une dernière fois.

C’est l’adieu définitif, l’occasion trouvée et qui échappe à toujours. Coupaïa tremble de tout son corps. Ah ! coûte que coûte, et quand même son secret devrait balayer les grands chemins avec la mendiante, qu’il meure frappé,