Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/129

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c’est qu’on pouvait se fier à monseigneur saint Yves. Il n’y a pas d’exemple qu’on l’ait adjuré en vain. Il suffisait de l’aller trouver dans sa chapelle et de lui dire : « Tu étais juste de ton vivant, montre que tu l’es encore. » Et le faux témoin contre qui on l’avait adjuré mourait dans l’année ; l’épouse qui avait failli mourait dans l’année ; le frère qui avait fait tort à son frère…

— Le frère ! dit sourdement Coupaïa.

Mais, si bas qu’elle ait laissé échapper cette exclamation, la mendiante a entendu. Elle reprend, insistant sur le mot :

— Le frère, oui… C’est à ton frère que tu en veux, toi.

Coupaïa se raidit de toutes ses forces.

— Je n’ai pas de frère…

— Pas de frère ? Mais tu es mariée ; alors c’est au frère de ton mari…

— Et quand cela serait, mendiante ? dit Coupaïa que cette pénétration exaspère. Tes questions sont sottes et ne méritent point qu’on n’en occupe. Va-t’en !…

Et après un silence, quand la mendiante, debout, son sac rajusté sur les épaules, est prête à gagner la porte :