Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avaler une soupe, il ne lui faudrait plus qu’une heure et demie de marche. Tout à coup et juste au moment où la quatrième heure commençait de sonner à l’église prochaine, sa petite taille voûtée se dessina au haut du raidillon de Guéradur. Par hasard, Coupaïa leva les yeux et reconnut la mendiante. Elle ne put retenir une exclamation de surprise ; cependant elle ne se dérangea point du talus où elle était accroupie et se mit seulement à prier plus vite et plus serré et comme pour détourner les Sorts. Cato se hâtait ; on entendait les coups secs de son bâton sur les cailloux de la route ; mais elle avait la tête basse, et, pour qui l’eût vue de près, un air de lassitude morale qui rendait sa hâte plus étrange. Coupaïa ne la perdait pas des yeux. Qu’apportait-elle, la triste messagère ? Elle approchait, elle était à quelques pas et elle ne disait rien. Elle s’arrêta enfin devant la jeune femme ; mais sa pauvre taille voûtée s’affaissa davantage encore ; ses bras glissèrent le long de ses hanches ; et, à l’interrogation fiévreuse des yeux de Coupaïa, elle ne sut répondre que par un branlement de tête désespéré. Cato n’avait pas trouvé la statue du Justicier à l’endroit qu’elle supposait ; huit jours aupara-