Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/158

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Sans insister sur le caractère équivoque de ces déclarations, bien faites pour surprendre dans la bouche d’une sœur, même fanatisée par la haine, l’acte d’accusation se borne à rappeler que Philippe Omnès et les époux G… étaient en contestation au sujet d’une somme de 150 francs que lesdits G… devaient à Philippe et à sa mère et qu’ils prétendaient leur avoir versée, mais dont ils ne pouvaient rapporter la quittance. Poursuivis devant le juge de paix, les époux G… avaient déféré le serment aux demandeurs. Philippe « jura »[1] ; sa mère aussi. L’accusation ne voulut pas rechercher s’ils étaient de bonne foi ; mais la défense ne se fit pas faute de plaider le contraire. Son meilleur argument et qui mérite considération est tiré de l’état d’esprit des accusés, en particulier des dispositions mystiques de Marguerite G…, qui n’aurait pas osé jouer son salut contre celui de son frère, si elle n’avait été sûre d’avoir le bon droit de son côté. D’autre part, tout le passé de Philippe proteste contre l’hypothèse d’un serment prêté à l’encontre de la vérité dans un misérable but d’intérêt. Il y eut là très probablement un malentendu et l’on sait par ailleurs de quels sophismes, et le plus innocemment du monde, est capable une âme féminine. Les G… étaient à peu près ruinés ; un témoin dira même qu’ils avaient « mangé tout leur saint-frusquin ». Pendant ce temps, Philippe augmentait son patrimoine : il allait se marier dans le courant du mois à la fille d’un riche cultivateur.

  1. Toued eo. Nous traduisons littéralement.