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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/157

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porte cintrée et qui, même sous Louis XIII, durent paraître un peu anachroniques. Ailleurs qu’en Bretagne, un appareil aussi massif dénoncerait la féodalité ou les temps mérovingiens ; le chiffre 1620, lisible sur la clef de voûte, ne laisse aucune incertitude sur l’époque où fut édifié l’immeuble, qui comprend un grenier, un étage percé de quatre fenêtres et un rez-de-chaussée élevé sur caves, chose assez rare dans les demeures paysannes, mais il se pourrait fort que cette demeure-ci, avant de déchoir, ait appartenu à quelque bourgeois aisé ou fait office de cure. Quoi qu’il en soit, alors que le couvre-feu était sonné depuis longtemps et que toutes les autres maisons de la localité avaient rabattu leur capuchon, – sauf la maison Bomboni, où il y avait un malade, et la maison Chapelain, où la femme s’occupait à une besogne de repassage, – des journaliers que la moisson avait retenus aux champs plus tard que de coutume et qui rentraient chez eux vers dix heures, dans la nuit du 1er au 2 septembre, ne furent pas sans remarquer la lumière insolite qui brillait aux vitres des époux G… Quelle était la raison de cette veillée anormale ? Catherine Briand, veuve Le Corre (la Cato Prunennec du roman) assistait-elle au conciliabule ? Ce qui paraît certain, c’est qu’on n’y faisait pas des vœux pour la prochaine félicité conjugale de Philippe Omnès.

— Jamais mon frère n’aura Mélanie Tilly ! avait dit la femme G… à un témoin…. Tout le monde parle du mariage de mon frère, dit-elle une autre fois. Ce n’est pas encore fait : je saurai y mettre un arrêt.