Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/18

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elle communia, fit des neuvaines à la Vierge, mais ses efforts demeurèrent stériles et elle ne put divorcer d’avec son péché. Sa tristesse naturelle s’en accrut encore ; elle ne comprenait décidément rien à cette haine irraisonnée et contradictoire ; elle y rêvait pendant des heures sans y voir plus clair. Elle finit par croire que c’était la volonté du ciel qu’elle haït Thomassin.

Cette idée, qu’elle repoussa d’abord comme injurieuse à Dieu, mais qui trouvait chez elle un terrain trop bien préparé, s’implanta peu à peu dans son esprit à la faveur des circonstances : elle observa que Thomassin fréquentait rarement la sainte table, qu’il ne suivait pas les processions, qu’il ne se signait pas devant les calvaires, et cette âme rigoriste, à qui la religion se présentait moins comme un dogme que comme un assemblage de formules et de rites, s’indigna de cette indifférence comme d’un sacrilège.

Un jour, il se gaussa d’elle, parce qu’elle était allée à Saint-Samson, au coup sonnant de minuit, frotter sa jambe malade contre la pierre bénite du clos ; une autre fois, elle l’avait vu, sur la lande de Roscané, qui s’entretenait avec