Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/31

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— Alors, tu refuses, dit-il, tu refuses ?

— Tu l’aurais bien mérité, répondit Thomassin.

— Tu refuses !…

L’âpreté avec laquelle il avait appuyé sur le mot aurait dû mettre en garde son interlocuteur. Salaün s’était dressé, la face congestionnée, les yeux rouges. Thomassin ne l’avait jamais vu ainsi. Il ne comprit rien à cette flambée violente ; il éclata de rire, comme devant un phénomène.

— Eh ! mon pauvre Yves-Marie, bien sûr qu’on t’a changé depuis hier ou que j’ai la berlue… Mais ce n’est plus toi ! Comment ! tu t’emportes, tu te mets en colère. Ah ! Ah !

Salaün serra les poings, à bout de patience.

— Alors, c’est sérieux, dit Thomassin. Fallait donc le confesser tout de suite, Yan-Diot[1]!

Et tout riant, sans presque un effort, d’une détente brusque et aisée, il saisit entre ses poings souples ces gros poings déjà levés sur sa tête, les tordit et agenouilla l’homme dans le varech.

— Ça, c’est pour t’apprendre à ne pas t’y frotter.

  1. Jean l’idiot, quelque chose comme notre Gribouille.