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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/36

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basse, de porte en porte, et les morceaux lui en eussent paru doux venant d’autres que de son beau-frère. Elle ne se pardonnait pas d’avoir poussé Salaün à cette démarche ; elle avançait sur Roscané, dans la nuit, avec des mots brefs, d’âpres interjections, de subits élancements à Dieu et aux saints, qu’elle appelait à son aide : « Ôtez-moi ma haine, Samson, Yves Hélory, Coupaïa, saints et saintes, si ma haine est mauvaise… » Et presque aussitôt : « Si elle est bonne, saints et saintes, ah ! Dieu, si elle est bonne et juste, si c’est la haine de l’impie et que j’en reçoive quelque marque, conservez-la-moi, grandissez-la-moi, donnez-moi de la satisfaire pour votre plus grande gloire ! »

À Roscané, dans l’auberge où elle entra d’abord, on lui dit que Salaün était venu vers midi, qu’il avait troqué une moche de beurre frais contre un litre d’eau-de-vie blanche et qu’il était parti avec la bouteille. Alors elle le chercha par les grèves, dans les landes voisines, où elle supposait qu’il avait dû se coucher pour boire et, après boire, ronfler.

Elle mit trois longues heures à cette recherche inutile. Elle avait poussé à quelques mètres du corps de garde, qu’elle entrevoyait dans