Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/49

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Elle s’était rencontrée, à la noce d’une cousine germaine à elle, avec Thomassin qu’elle eut pour cavalier, et, tout de suite, ce grand garçon hardi, bruyant, qui prenait les filles à l’hameçon de son verbe, devint avec elle d’une timidité d’enfant. Il n’osait la regarder ; il lui parlait difficilement et comme en rêve ; il tremblait en lui donnant le petit doigt, quand ils dansèrent ensemble, le soir, sur le rythme lent des pavanes bretonnes.

Et tout le temps de cette noce, où il se promettait des joies, il demeura gêné, contraint et triste. Francésa aussi revint songeuse. Sans doute, ce fut de ce soir-là qu’ils s’aimèrent.

Ils se revirent au pardon de La Clarté. Thomassin et Francésa dansèrent encore, mais c’est à peine s’il osa lui demander de l’accompagner un bout de chemin, au retour, comme c’est la mode des jeunes gens de Bretagne. Elle baissa les yeux et ils revinrent presque sans causer.

Des semaines passèrent. Un jour que de ses prunelles vagues il regardait la lande, Thomassin entendit qu’on l’appelait.

— Loïz-ar-béo, Louis-le-vif, disait la voix, tu mens à ton nom, ce n’est plus toi Loïz-ar-béo !…