Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/50

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Alors, derrière les ajoncs, il vit une tête de vieille et deux yeux jaunes, luisants, qui l’observaient. C’était la rebouteuse de Bringuillier. Il tressaillit malgré lui, puis s’avança. La vieille était assise sur une roche de la lande, immobile, ses cheveux plats qui pendaient des deux côtés de sa coiffe, et les mains croisées sur un bâton blanc.

— C’est toi qui me parlais ? dit Thomassin.

Elle garda sa pose tranquille et répondit :

— C’est ton cœur qui te parlait, Loïz-ar-béo.

— Bon, et que disait mon cœur ?

— Il se plaignait que tu le fisses souffrir…

— Mon cœur radotait, vraiment, s’il disait cela.

— Tu es vain ; tu veux te cacher de moi, Loïz-ar-béo. Puisqu’il en est ainsi, va ton chemin.

Le douanier devint pâle.

— Ah ! tu sais quelque chose. Par grâce, parle, je te donnerai ce que tu voudras.

— Je ne sais rien, Loïz-ar-béo.

— Si, mâm-goz, je vois cela à ton air. Mais toi, tu dois voir aussi combien je souffre…

— Ton cœur n’est pas le seul à souffrir…