Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/60

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tative et lui confia le douloureux message dont celle-ci avait entretenu Thomassin, pendant qu’il revenait avec Salaün du corps de garde. – Peut-être que rien n’est encore perdu ! – avait semblé dire Thomassin.

Môn rapporta cette parole à la jeune fille, mais elle ne fut point convaincue et pensa que son ami cherchait seulement à la consoler. Elle accepta pourtant le rendez-vous qu’il lui fixait, mais elle ne voulut point promettre qu’elle y serait sûrement, car son père était devenu soupçonneux et il lui fallait jouer d’adresse pour le dépister.

Le soir tombait. Près de la ty-lia de Kergûnteuil barrant le ciel de son énorme pierre plate, Thomassin attendait Francésa. La lande, à cet endroit, était plus serrée, et, comme le terrain surplombait, il était facile, en levant la tête, de surveiller tout le pays sans être vu. C’était un soir d’automne, brumeux et triste. Le vent soufflait de la mer. Des bruits d’ailes claquaient par instant au fond du ciel et Thomassin reconnaissait à leur vol allongé ces troupes de bernaches et d’outardes que l’approche du froid chasse périodiquement du septentrion.