Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

inquiète que tu ne te sois ouvert à moi tout entier.

— Francésa, cœur de mon cœur, c’est qu’en te faisant languir après mon secret, je gagne de te garder avec moi quelques instants de plus ; si je te le disais tout de suite, tu ne l’aurais pas plus tôt connu que tu t’envolerais…

— Non ! non ! c’est le jeu d’un méchant, ce jeu-là. Ah ! Loïz-ar-béo, c’est certain, tu sais des choses. Qu’as-tu appris ? Confie-le-moi pour que je sois rassurée.

— Eh bien, dit Thomassin, je parlerai donc. C’est vrai, j’ai trouvé un moyen qui pourra tout arranger. Mais j’aurai besoin d’un mois, de deux mois peut-être… Et d’ici là, si nous voulons réussir, il est bon qu’on ne puisse nous deviner. On ne devra plus nous rencontrer ensemble, nous aurons l’air de nous fuir, comme si nous étions fâchés, et même (voici le plus dur de tout, Francésa), quand on te recausera chez toi de Roland Le Coulz, il faudra que tu fasses semblant de ne pas trop protester…

— Ah ! dit l’enfant, combien cette contenance me sera pénible à prendre ! Mais es-tu sûr au moins que dans un mois, dans deux…

— Écoute… Tu m’as dit et bien dit, n’est-ce