Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/88

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recevait l’acceptation de l’entrepreneur. On le priait de se rendre immédiatement à Lannion, où Me Le Louarn de Porzamprat, notaire, lui verserait contre cession des trois champs et de la lande les trente-cinq mille francs qu’il en demandait.

Si Coupaïa, qui portait son linge au douet voisin, avait pu voir son beau-frère au moment où il reçut cette lettre, elle en eût séché de male rage, tant la joie du pauvre garçon fut enfantine et bruyante. Il ne se possédait plus, sautait comme un poulain, riait, dansait, chantait et pleurait dans la même minute. Il ne se calma qu’à la réflexion, et par un retour de prudence toute normande. Ne souffler mot à personne, avertir seulement la rebouteuse de se trouver chez lui à sept heures, courir à Lannion, signer le contrat, empocher l’argent, et alors… Alors, ah ! béni Dieu ! pouvoir aimer Francésa et être aimé d’elle devant tous, l’épouser !…

Il s’habilla à la hâte, demanda une permission au brigadier et gagna la grande route. Il était si pressé qu’il n’avait point songé à prévenir Môn. Il dut revenir sur ses pas. Heureusement la rebouteuse était sur la lande.

— L’entrepreneur accepte, lui dit-il tout bas.