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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/93

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— Ah ! maison de l’infamie ! C’est comme cela qu’il traite les siens… Il nous chasse de chez lui, parce que nous ne voulons pas perdre notre âme avec cette sorcière. Il la préfère à nous, à moi, à toi… Et c’est ton frère, celui-là, Yves-Marie ?… Ah ! Va Doué ! Je savais bien qu’il complotait quelque chose contre notre salut ! Il nous avait fait quitter Morvic pour nous mieux tenir en sa possession…

Elle s’était levée et elle tournait farouchement autour du feu comme une chienne.

— Ses bienfaits, les voilà ! Il nous enlève les champs de Trégastel ; il m’oblige à travailler chez lui ; toi, il t’envoie travailler chez les Piriou. C’est lui qui profite de nous. Il nous a avilis dans notre corps… Ça ne lui suffit pas, il veut la perdition de nos âmes ; il les a promises à sa sorcière, je te dis !…

Et, se plantant, avec ses yeux de vertige, les bras croisés, devant Salaün :

— Sais-tu, toi, ce qu’on faisait aux sorciers, dans le vieux temps ? Ma tante m’a conté ça. Il n’y avait plus là de frère, ni de sœur, ni de parent que ce soit. On les brûlait, et c’était bien fait, et la bénédiction de Dieu était sur les brûleurs, encore… Ah ! cria-t-elle, tragique,