Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/94

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la bénédiction de Dieu soit sur nous ! Qu’ils brûlent donc à leur tour, ceux-ci !…

Et, avant que Salaün eût pu l’arrêter, elle avait saisi dans les cendres une racine de fougère à demi consumée et l’avait lancée de toutes ses forces dans la grange de Thomassin. La paille crépita, s’embrasa presque tout de suite ; des langues de feu léchèrent les murs ; une colonne de fumée grise monta dans le ciel. En quelques minutes, l’incendie avait envahi l’appentis tout entier ; le corps de logis s’embrasa à son tour par le chaume du toit. Salaün, immobile de stupeur, regardait…

— Viens ! Viens vite donc, lui souffla Coupaïa. Si l’on nous voit ici, nous sommes perdus.

Elle avait repris conscience devant le fait accompli et irréparable. D’une poussée de sabot elle rapprocha de la grange les restes fumants de l’écobue, préparant ainsi une explication toute trouvée, presque naturelle, à l’incendie.

Ils sautèrent l’échalier et gagnèrent au large. Ils n’avaient pas fait cent pas qu’une sourde commotion ébranla l’air. Le, ciel s’illumina d’un coup. Ils se retournèrent. Une joie féroce, aiguë dans son paroxysme comme une douleur,