Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/96

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d’assurances, il résulta que le feu avait dû se communiquer à la grange par des étincelles d’écobue. On se rappela que ce soir-là le vent soufflait du large ; un des brasiers, celui même que Coupaïa avait rapproché de la grange, paraissait avoir causé l’incendie.

Seule, la vieille Môn n’admit point cette explication. Elle hocha la tête, grogna quelques mots sourds en regardant les Salaün, puis se tut. Mais rien ne témoignait contre eux.

On les avait vus au feu des premiers. Ils avaient fait un détour par les champs qui leur permit de déboucher sur la route du côté opposé à l’incendie. Des paysans accouraient de Landrellec, de Roscané, de Keraliès. Dans le saisissement de la première heure, ils ne remarquèrent point la contenance embarrassée d’Yves-Marie, qui put ainsi se reprendre. Et pour Coupaïa, ses cris, ses mains jointes qu’elle tordait sur sa tête, la fièvre qu’elle mit à essayer de sauver du feu son crucifix de cuivre, ses bénitiers et ses sachets, l’affaissement qui succéda, ses yeux secs, sa bouche convulsée et jusqu’aux lambeaux de prières qui en sortaient, lui firent un jeu de circonstance si naturel que personne n’y prit garde que pour s’apitoyer sur son sort.