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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/97

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Tout n’était point affecté d’ailleurs dans cette attitude. Au premier coup elle n’avait vu que sa vengeance ; elle n’avait point réfléchi qu’en brûlant Thomassin et la rebouteuse elle allait brûler aussi son reliquaire. L’idée qu’il n’en resterait rien, que c’était fini de ces choses sacrées, joie de son âme, lumière de ses tristes yeux, l’affola soudainement au point qu’elle n’hésita pas à se jeter dans les flammes pour en sauver quelque parcelle.

Thomassin, après une telle manifestation d’héroïsme, ne pouvait plus douter de l’innocence des Salaün. Il n’était pas possible que Coupaïa se fût résolue à sacrifier ainsi ses saintetés, à les brûler elle-même, sans raison, pour un mot, elle qu’il avait vue prête à les défendre de sa vie contre un attouchement profane, qui la risquait encore pour les sauver du feu. La vieille Môn se trompait ; sa rancune contre les Salaün lui faisait voir ce qui n’était pas.

En l’absence d’autre logement, Thomassin décida qu’on reprendrait la vie commune à Morvic, qui, par bonheur, n’avait pas été loué. Sa maison de Landrellec était assurée ; il emprunta quelques meubles à des voisins et dès le lendemain soir Morvic fut habitable.