Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/132

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Ils n’étaient pas faits pour ces belles choses :
Un fruste artisan, dans leur bois grossier,
Tourna des fuseaux, évida des roses
Et grava son nom sur le banc-dossier.

C’était quelque pâtre, un marin peut-être,
Bloqué par l’hiver sous son toit de glui ;
L’outil, dans son poing, mordait en plein hêtre,
Et sa mère-grand filait près de lui.
 
Et, tandis qu’aux doigts de la bonne femme
S’étirait la laine ou le fil écru,
Un rêve, il est vrai, chantait dans son âme,
Mais non pas celui que vous avez cru.
 
Ni rêve d’argent, ni rêve de gloire.
D’autres, l’œil en feu, s’en allaient cueillir,
Guidés par Coulomb aux rives de Loire,
Le vert plant qui garde un nom de vieillir ;
 
Ou bien se louant pour un vil salaire
Chez quelque huchier du pays gallot,
Pliaient au canon d’un strict formulaire
Leur art ingénu, mystique ou falot.