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URGANDE

Va ! Ne pensons plus à ces choses :
Mes maux sont terminés ; tes chagrins sont finis,
Puisque nous sommes réunis.
Soûlas d’aimer ! Douceur des ceintures décloses !
C’est la nuit des métamorphoses :
Il pleut des corolles de roses ;
La mer est lisse comme un pré,
Et là-bas, où sont les carènes,
On entend chanter les Sirènes,
Blanches parmi le flot pourpré.
L’une dérive la gabare ;
L’autre lève aux plats-bords son jeune front barbare
Et, riant à l’homme de barre,
La plus belle des trois se suspend au beaupré.
Glitonéa, Tironée, Oronoles
Sont leurs noms. Quand l’ivoire épand leurs crins soyeux,
Une avalanche d’or croule sur leurs épaules ;
Leurs seins blancs sont taillés dans la neige des pôles ;
La langueur des nuits d’août se pâme dans leurs yeux.
Matelots, matelots, suivez ces amoureuses
Sous les porches d’argent de la glauque cité.
Croisez vos bras sur vos vareuses,
Et laissez-les guider vos paresses heureuses
Au pays de la Mort et de la Volupté.