Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/208

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Une mer de silence et d’ombre, mais si douce
Que leur âme y glissait mollement, sans secousse,
Comme une barque au fil de l’eau ;
Mer étrange, sans un remous, sans une lame,
Que ne troublait le battement d’aucune rame,
Qui ne mirait aucun falot…

Ah ! vers le paradis de leurs jeunes années
Tandis que son courant, comme des fleurs fanées,
Les emportait avec lenteur,
Dieu sait les bleus, les doux paysages lunaires
Qui traversaient les yeux de ces visionnaires
Au fil du flot évocateur !

Des toits gris se massaient dans l’ombre ; un clocher svelte
Pointait. C’était le soir, un soir du pays celte,
Plein de langueur et d’abandon,
À cette heure ineffable entre toutes les heures
Où les vierges de Breiz regagnent leurs demeures
Et s’en reviennent du pardon.

Au rythme lent d’une très vieille cantilène,
Elles passaient, embaumant l’air de leur haleine,
Le long des genêts épineux.