Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/231

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C’est en vain que, trouant la nue à coup d’épieu,
Le Jour, tel un veneur, sort du fourré nocturne
Et, sur l’aiguail des monts essuyant son cothurne,
Se dresse et, brusquement, bondit dans l’air en feu.
 
Blancs cirrus qui broutez l’aérien pacage,
Lune en fleur, astres d’or, il faut comme ce soir,
Pour forcer nos regards à vous apercevoir,
Quelque affût solitaire au bord d’un marécage.
 
Il faut la frissonnante immensité des nuits…
Tant de magnificence est rassemblée en elle
Que notre âme d’antan, notre âme originelle,
Remonte tout à coup dans nos yeux éblouis,
 
L’âme que nous avions aux premiers jours du monde,
Quand le viel Ouranos était l’unique dieu,
Les nuages son char, le soleil son moyeu,
Et qu’au creux de l’éther tonnait sa voix profonde.