Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/230

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Dans l’air glacé du soir elle monte sans bruit
Au-dessus des champs d’orge et des carrés d’avoine,
Si rouge qu’on dirait une énorme pivoine
Magiquement éclose au jardin de la Nuit.

Un chien transi, là-bas, hurle au fond d’une grange ;
Et nous-mêmes, chasseurs endurcis et sans foi,
Nous nous défendons mal contre un obscur émoi
À l’apparition de cette fleur étrange…


II


Paysages du ciel, si beaux et si divers,
Nous habitons trop près de vos profondeurs bleues ;
L’homme ne compterait ni les jours ni les lieues,
S’il devait vous chercher au bout de l’univers.
 
Nous vous connaissons trop, couchants, aubes fleuries :
L’habitude a blasé nos yeux sur vos beautés,
Et c’est en vain que sur les champs et les cités
Vous déployez l’azur et l’or de vos féeries ;