Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/291

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Des longs toits surplombants où, comme une sibylle,
S’érige, l’œil mi-clos, la cigogne immobile,
Alsace, légendaire Alsace du vieux temps
Où le Rhin balançait dans ses eaux smaragdines
Des croupes de tritons et des rires d’ondines,
Cher pays, nous t’aimions toujours comme à vingt ans ;
Vous hantiez nos sommeils, bleus défilés des Vosges,
Cimetières lorrains enfouis sous les sauges,
Doux coteaux mosellans dont Ausone s’éprit
— Hélas ! et vainement offerte à la Revanche,
Notre vie inutile est une page blanche
Où la Mort n’aura rien écrit.


Lannion, 6 août 1914.