Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/69

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Moi je n’évoque qu’en tremblant
Ce coin de la terre bretonne
Et ce beau soir, languide et blanc,
Où mourait le soleil d’automne.
 
Ah ! ce soir, ce soir adoré,
Ce soir qu’emplissaient nos deux âmes,
Ah ! pauvres enfants, c’est donc vrai,
C’est vrai que nous nous abusâmes !
 
Tous ceux que j’aimais sont partis.
Je ne sais pas si j’en suis cause ;
Mais sur mes yeux appesantis
Je sens qu’un nouveau deuil se pose.
 
J’ai peur… Rassure-moi… Ce bruit,
Ces pas furtifs près de la porte…
Quelqu’un s’est levé dans la nuit.
Si ce n’est pas toi, que m’importe ?

Et qui donc serait-ce, ô mon cœur ?
Pour qui me tiendrais-je aux écoutes ?
Quel autre éveillerait le chœur
De mes soupçons et de mes doutes ?