Lanmeur, avec quelques piliers et arcades de l’église, sont là pour attester mon dire, sans compter la grande et belle église de Saint-Philbert de Grandlieu dans le pays nantais, bâtie entre 810 et 819 et qui se trouve encore intacte de nos jours.
Or, les piles et les arcades de la nef de Locquénolé ont un peu de rapport avec celles de Saint-Philbert et surtout celles de Lanmeur ; j’aurais donc une tendance à leur attribuer la même date et je ne serais pas éloigné de reporter à la même époque les ruines de la vieille église ensablée de Saint-Pol à l’Ile-de-Batz, malgré le long séjour des Normands dans cette île dont ils avaient fait leur quartier général.
Quoi qu’il en soit, la nef de Locquénolé, d’un style absolument primitif, se compose de trois arcades de chaque côté, mesurant 2m,70 d’ouverture, soutenues par des piles carrées barlongues de lm,80 sur 0"»,70 d’épaisseur, hautes de 2m,50 et portant sur une sorte de tailloir en bec de sifflet des archivoltes à plein-cintre formées de claveaux très petits et réguliers. Ces piles, ces arcades et la maçonnerie pleine qui les surmonte ne manqueraient pas de caractère si elles étaient débarrassées de la chaux et du badigeon qui les couvrent et empêchent absolument de juger de l’appareil ancien.
Les piles et les arcades du transept et de l’entrée du chœur ont plus de richesses ; ici il y a des colonnettes avec bases moulurées et chapiteaux historiés mais quelle sculpture c’est l’art dans son enfance, ce sont des ébauches barbares et qui, cependant, ne manquent pas de charme, embryons de volutes et d’enroulements, et sur quatre des chapiteaux des essais de figure humaine empruntés au faire de quelque peuplade du Nord. Malgré le peu d’importance de cette église comme dimensions, il convenait de la citer et de la décrire, parce qu’elle est certainement le plus ancien monument de notre pays élevé en l’honneur de saint Guénolé.
SAINT GUÛNOLb
D’après le buste en argent dit reliquaire de ce Saint il Locquénolé, près Morlaix.