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qui fut ainsi fait le 20 août 1897, et nous en devons la bienveillante communication à l’abbé Le Goff, vicaire général, chanoine honoraire, curé-archiprêtre de Tréguier.

Dans la paroisse de Landudal, doyenné de Briec, se trouve le manoir de Trémarec dont la chapelle seigneuriale est dédiée à saint Yves. De temps immémorial on vénère dans cette chapelle la plus notable relique que possède de lui le diocèse de Quimper. Comment y est-elle venue ? — Je l’ignore complètement ; ce qui est certain c’est que la famille de Trémarec [qui portait d’azur à trois coqs d’argent, becqués et membrés de gueules) possédait la seigneurie de ce nom dès avant 1426 (Nobiliaire de P. de Courey) ; elle s’est fondue dans la famille de Kergadalan en 1540.

Château, chapelle, reliquaire et relique auraient passé des seigneurs de Kergadalan aux Furic qui, à leur tour, les auraient légués aux seigneurs de Kerguélen ; c’est du moins une tradition verbale conservée par ceux-ci.

La chapelle de Saint-Yves de Trémarec continue d’être un vrai centre de dévotion ; le pardon annuel présente un aspect particulièrement pieux ; le pouce du Saint enfermé dans un pouce en argent est placé dans une châsse en bois, surmontée d’un buste de saint Yves coiffé de la barette et tendant les bras ; en dessous sont figurés trois sacs de procédure avec les inscriptions : sac des pauvres, sac des veuves, sac des orphelins.

La relique, le reliquaire d’argent et la châsse ont été cachés pendant la Révolution à Kervéal, ferme voisine du château de Trémarec ; à cette époque la chapelle fut ruinée ; elle a été relevée par la famille de Kerguélen et appartient aujourd’hui à Madame de Pompery.


L’ÉGLISE SAINT-YVES-DES-BRETONS, A ROME (A.-M. T.).


Tout le monde sait que la Bretagne, comme presque tous les pays gouvernés par des princes souverains, avait à Rome son église nationale ; elle était placée sous le vocable de saint Yves ; au-dessus de la porte principale à l’extérieur, on pouvait lire :

Divo Yvoni trecorensi pauperum et viduarum advocato natio Britanniæ œdem hanc jampridem consecratam restauravit. M.D.LXVIII.

Sur la porte latérale, rue Ripetta:

Sancti Yvonis pauperum viduarumque advocati templum insauratum. A. — MDLVIII.

Et sur une autre porte latérale:

S. Yvo advocatus pauperum.

Le 19 mai 1845, un jeune diocésain de Quimper ordonné à Rome le Samedi-Saint précédent, écrivait de la Ville Sainte à son évêque Mgr Graveran ; ce jeune prêtre, Léopold de Léséleuc, mort évêque d’Autun en 14873, était déjà (on le verra dans sa lettre) le Breton que nous avons connu si plein d’amour pour son pays.

Voici les impressions qu’il emportait de Saint-Yves-des-Bretons :

� Le jour que je choisis pour renouveler entre les mains de Votre Grandeur la promesse d’obéissance que le vicaire de Sa Sainteté a reçue pour elle, apporte au sentiment de mon ardent amour pour le pays où je suis né une vivacité nouvelle, et j’éprouve aujourd’hui plus que jamais que le sang Breton ne se refroidit pas pour s’éloigner de la Patrie. On célèbre ici, comme à Quimper, comme à Tréguier comme à Loanec comme dans toute la Bretagne, la fête de S. Yves, et c’est dans notre Église nationale que j’ai offert ce marin le S. Sacrifice, en priant Dieu de ne point laisser arracher sa foi à un peuple qui a tant fait pour la défendre et la conserver pure. Hélas ! Monseigneur, j’ai trouvé au pied de cet autel, presque abandonné depuis quelques années, des penses amères et un contraste cruel entre le présent et un passé qui n’est pas loin. Je me suis promis de déposer dans votre cœur paternel un chagrin que partagent avec moi tous les Bretons qui ont visité Rome dans ces derniers temps.