Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/311

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272 LA VIE DE SAINTE NENNOK. tout ce qu’elle luy voudroit demander: Je vous ay dalelard, il y a long-temps [dit-elle] que je me desirois consecret atz service de Die ; c’ est pourqwy je vous demancle perraission de passer la Mer& aller en Bretagne Armorique, oti je pnisse passer le reste de ma vie aa service de Diea& d prier Dieu poar voas& pow tot vostre Ester.

VI. Son Pere fur d’autant plus artfist6 de cette requeste, que tendrement il aimoit sa FiRe, laquelle il esperoit devoir estre le baston de sa x’ieillesse & le supoft de sa maison; il sortit de la table tout triste ,% afflig6 & tficha, pat’ toutes �oyes possibles, fi faire perdre sa Fille cette resolution; mais la trouvant eonstante en son saint propos, il se resolut de luy donner sa benediction & congé; la Reyne sa Mere, sea Onelea & Tantes ne furent pas tooins affligez de cette nou’elle; ils l’allerent trouver, la conju- rerent de ne xouloir quitter la maison paternelle, mais ils ne gagnerent rich. Le bien- heureux saint Gerumin, �oyant cela, rcmonstra ai-bien au Roy &/t la Reyne l’avantage du ehoix qu’a�oit fait lear Fille, renoncant aux �anitez du monde pour embrasser la Croix de la penitence en cette x, ie, & lea contenta si-bien par sea persuasions & raisons si prjugeantes, qu’ils lay accorderent sa demande, luy donnerent lear benediction, & fireat quiper un Nayire pour la porter en la Bretagne Armorique. Cependant qu’on fnisoit lea pr6par,qtifs du �oyage & dressoit l’quipnge du xaisseau, Dieu donna taut de vertu & effieace aux paroles de sainte Nennok, que, par sea exhortations, sea Parain & Maraine Gurlehenlelits (1) & Ouen-Arlchant se resolurent de quitter !e monde & suivre la genereuse resolution de lear Fillrule, avec laquelle ils s’embarquerent, & hombre d’autres, taut Religieux qne Prestres (2) & Lairs de l’un & l’autre sexe, lesquels, poussez d’un x, ent fa’orable, aborderent, en pea de jours, ala coste de Bretagne, mouillerent l’ancre en un Port, qui fat norare6 Potd-Ilfn, du nom de son Parain 6nrlehentelius, qui autrement s’apel!oit irlfn.

VII. Ayans mis pied à terre, ils aviserent par entr’eux qu’il seroit bon d’envoyer quelques-uns vers le Prince de ce Pais,& nonmerent a cet effet deux Evesques, Mordredts & Grgalloms & le susdit Gurlehentelius, P,-n-ain & Oncle de salute Ncnnok, lesquels, ayans salu le Prince, lay firent un maple recit du sujet de leur arrivée en eette Province, le supliant de lear donner quelque lieu oh bastir un Oratoire pour s’y retirer & faire penitence. Le Prince (3) fat extrem6ment aisc de lear errivac, lea traitta fort charitablemeat & lear donna permission de x’isiter les coates prochaines, pour voit s’ils rencontreroient un lieu propre pour s’6tabIir: ce qu’ils trent, &, s’estans separez, bastirent des Oratoires & Cellales oigndes les unes des autres. Quant h sainte Nennok, elle s’habitua en la Paroisse de Plemetr, off elle bastit un petit Oratoire, qui, de son nora, fur apel16 Lent-Nennolc, &, 6s cnqrons, de petites chambrettes, o elle amassa plusieurs belles filles, aYec lesquelles, elle vivoit en une grande innocence & purer6. Lea autres saints Personnages, Prestres & Religieux allerent prescher par la Bretagne & s’arresterent en divers Monasteres, except6 GtwIehentelius, lequel bestir un petit Hermitage, prds relay de sa fillrule sainte Nennok, off, ayant amass un grand hombre de Ileligieux, il finit sea jours au service de Dieu, prenant le soin de aainte Nennok & de sea Filles, auxquelles il disoit la Messe & recitoit l’Office CanoniaI en un mesme Oratoire.

VIII. Le susdit Prince Erekh, eatant un jour all t la elasse, poursuiit si vivemeat un Cerf, 6s enaqrons du Monastere de sainte Nennok, qu’il fat contraJut de se sauver dans son Eglise, &, entrant de course dans le Chceur oh elle assistoit au divin Service,

(1) 6vrkentelu. A.-]L T.

(2) Et marne deux vques: lIorh6dre et 6wrgalon. -- A.-M. T.

(3) a C’estoit le prince Erekh ou Guerekh, frere tlu Roy Boldi% auquel fat donn en partage une terre en Vennetois qui, de son non b fat appel16e Bro-Erekh c’est h dire pas d’lrekh a d’Argentr, oh. 9, I. 2. A.