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LA VIE DE S. BENOIST.

conquête saxonne, et non dans un autre temps « Tempore non alio gMO gens &<M’&cM’ct Stt-oMMMt maternum possédit cespitem. » À cette époque cependant, la légende de l’établissement de 383 était déjà née dans la Cambrie.

Citer ici les contradictions de la légende avec des monuments écrits d’une autorité certaine comme les lois du Code théodosien, la Notice des dignités de l’Empire, nous entraînerait trop loin, et après avoir transcrit fidèlement ce qui précède, nous renvoyons au tome second de l’Histoire de Bretagne (p. 451 à 456) les lecteurs qui voudraient être complètement renseignes sur la destruction des Bretons de Maxime et les décrets contre les partisans de cet usurpateur. Donnons donc seulement la conclusion des articles sur ces deux sùjets

1" Si le prétendu établissement s’était fondé en 383, il aurait été détruit nécessairement après la mort de Maxime, par suite des décrets de Théodose et d’Honorius contre les partisans du tyran ;

2° Si, par pure hypothèse, on suppose entre Théodose et les Bretons un traité qui eût maintenu leur colonie d’Armorique, cette colonie, essentiellement militaire, devrait figurer parmi les troupes impériales dont on a le complet dénombrement dans la Notice des dignités de !’J ?tMpM’et elle n’y figure à aucun titre.

LA VIE DE SAINT BENOIST DE MACERAC,

Abbé et Con fesseur, le 22. Octobre.

AINT BENOIST, Patron de la Paroisse de Macerac, au Diocese de Nantes, estoit Grec de Nation, fils d’un Noble Senateur de la Ville de Patras il vint au monde, l’an de grâce 782. sous le Pontificat d’Adrien I. & l’Empire de Constantin VI. & Irené, sa mère. Dés son jeune âge, il s’adonna à l’Exercice

& pratique des vertus, mais specialement à l’Oraison, en laquelle il se rendit si assidu, qu’il mérita de recevoir plusieurs révelations & semblables consolations Celestes. Sa Sainteté estoit si notoire à un chacun, & l’opinion de sa probité & integrité si avant empreinte dans l’esprit des hommes, que ceux qui avoient quelque diffèrent s’en remettoient à ce qu’il jugeroit, le prenant pour arbitre. S’estant une fois arresté sur la consideration de la Mort & du Jugement particulier, il fut ravy en extase, &, en ce ravissement, il vid le jugement de deux Ames, qui quittoient leurs corps & sortoient de ce monde ; il vid le soin que S. Michel & les Anges avoient d’assister, fortifier, secourir & enfin recevoir l’Ame d’un saint Personnage, à la sortie de son corps ; &, au contraire, il vid des trouppes de Démons à l’entour de la couchette d’un insigne pêcheur, lesquels luy faisoient voir ses pechez distinctement écrits dans un livre, le tentans de desespoir, & enfin, quand son Ame quitta le corps, ils l’emportèrent criant d’une voix efïroyable & enrouée « Je brûle, je brûle. »

II. Ce spectacle épouventa tellement saint Benoist, qu’il se résolut de quitter tout à fait le monde, pour penser seulement à Dieu & à luy rendre une bonne Ame, ayant continuellement la pensée de la mort & du jugement devant les yeux & dans la pensée ; &, pour mieux vaquer à Dieu & à soy, sans aucun détourbier, ny empêchement, il quitta son Pays & s’embarqua au havre prochain, avec sa sœur. Attenta, & neuf vertueux Personnages qui avoient mesme dessein que luy, &, ayans navigué la mer Méditerranée,