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LA VIE DE S. MAURAND.

le long des costes de l’Italie, la France & l’Espagne, passèrent le Détroit de Gibraltar & cinglèrent sur l’Ocean, jusqu’à l’embouchure de la Riviere de Loyre, laquelle ils montèrent jusques au port de la ville de Nantes, où ils arriverent, l’an 812, & allerent trouver Alain, Evesque de Nantes, lequel les rcceut benignement, &, ayant appris le sujet de leur arrivée en son Diocèse, les mena vers le Comte, ou Consul (comme ils appelloient pour lors) de Nantes, nommé CHndetoMHS, lequel, à la recommandation de ce Prélat, leur donna un lieu, nommé Afacerac, situé és extrêmitez du Diocese de Nantes, vers la riviere de Villaines, lieu fort propre pour vivre solitairement. in. En ce lieu, il édifia une petite Église, &, és environs, dix petites Cellules pour luy & ses neuf Confrères, lesquels y vescurent en grande Sainteté. Quant à sa sœur, il la laissa à Nantes, où l’Evesque Alain la voila & mît dans un Monastere de saintes Vierges. Enfin, Dieu, voulant recompenser saint Benoist de ses travaux, luy revela sa mort ; car, estant en Oraison, la nuit de la Feste de saint Michel de l’an 845. il entendit une voix qui luy dit ces paroles de l’Évangile Sus, bon & fidèle Serviteur, d’autant que tu m’as esté fidèle en peu de chose, je t’establiray sur beaucoup ; entre en la gloire de ton Seigneur. Et, incontinent, nôtre Seigneur luy apparut & luy fit voir la gloire qui luy estoit disposée, luy promettant qu’il départiroit ses graces <~ faveurs a ceux qui Aonorerofenf le lieu de sa sepulture. Le Saint fut extrêmement aise de ces bonnes nouvelles, & attendoit, avec impatience, l’heure tant désirée de son trépas, lequel avint le premier d’octobre suivant. Son Corps fut enterré dans l’Église de Macerac, qu’il avoit basty (à présent, c’est une Paroisse & Prieuré), où Dieu honora sa mémoire de plusieurs Miracles. Depuis, son Corps fut transporté dans la ville de Rhedon & déposé en la célèbre Abbaye de S. Sauveur, de l’Ordre de S. Benoist, & fut cette Translation le 22. octobre, auquel jour, les Églises de Rhedon & de Macerac solemnisent sa Feste.

Cette Vie a esté par nous recueillie des anciens Legendaires manuscrits des Églises Abbatiale de S. Sauveur de Rhedon ef Parochiale de Macerac, dont nous avons eu copie authentique. Le Breviaire de Poitiers, imprimé l’an ~59S. en a l’Histoire en 9. leçons, le 23. Octobre, mais entièrement différente de celle que nous avons récitée, et qui ne se peuf accorder à nostre Chronologie ce qui me fait croire que c’est d’un autre S. -Be/tOt’sf ; mesme qu’il le dit Evesque, et, par une manifeste contradiction, en la leçon, il le dit estre Contemporain de S. Hylaire, et en la 2. de S. Martin de Verfou ; ce qui ne peut estre.

LA VIE DE SAINT MAURAND OU MODERAN,

Evesque de Rennes et Confesseur, le 22. Octobre.

AINT MAURAND nâquit en l’Evesché de Rennes, en la Bretagne Armorique, de Parens Nobles & riches, Comtes de Tbrnaets, (Famille qui est perie des le temps des anciens Roys de Bretagne Armorique.) Il vint au monde, l’an de grâce 651. sous le Pontificat de saint Martin, Pape I. & Martyr, & l’Empire de

Constantin III. fils d’Heracle, régnant en Bretagne Armorique le Roy Salomon II. du nom. Ils l’appellèrent au Baptême Moderandus, presageans sa future modération & tempérance ; &, dés qu’il commença à parler, ils luy apprindrent ses Creances, & luy