l existe encore le pont bâti par saint Cado pour rejoindre à la terre l’ile qu’il avait choisie
pour résidence dans la rivire d’Etel. Il est long de cent mètres, large de quatre, et
compte seulement deux arches qui étonnent par leur hardiesse et les dimensions des
énormes blocs de granit qui les composent. Il faut que la solidité en soit à toute épreuve puisque
l’administration des Ponts-et-Chausses ne lui a pas cherché noise et continue faire passer
là-dessus la grande route allant de Port-Louis à Belz et à Auray.
Le monastère en 1089 devint prieur dépendant de Sainte-Croix de Quimperlé, par une donation du duc Alain Fergent. La chapelle actuelle remonte presque entièrement au XIe siècle, se divisant en trois nefs trois travées avec abside demi-circulaire. Les arcades en plein-cintre reposent sur des piliers carrés à simples tailloirs, l’arc triomphal tombe sur des colonnes engagées à chapiteaux garnis de feuillages et d’entrelacs.
Aux parois de la nef sont appendus quatre tableaux représentant des scènes de la vie du saint, et qui sont surtout précieux par les légendes qui en expliquent les sujets :
Anglais de naissance, prince de Clamorgant,
Puis abbé, vient, débarque et réside céans.
Les jugements de Dieu sans cesse méditant,
C’est ainsi, pèlerins, qu’il a vécu céans.
Aux pirates pervers en ce lieu l’assaillant
Il dit : Je suis sans bien, solitaire céans.
Oratoire, mon œuvre, adieu ! dit-il pleurant,
Belz, t’oublierai-je? Non. Il cingla de céans.
Au chevet de l’église est la fontaine du saint, et plus loin les derniers vestiges du vieux monastère qu’on nomme la maison de saint Cado[1].
DE SAINT HERNIN OU THERNEN,
Confesseur le 2. Novembre.
aint Hernin estoit originaire de l’Isle de Bretagne & passa la mer, environ
l’an cinq cens vingt & huit, sous le Pontificat de saint Felix IV. du nom, &
l’Empire de Justinian I, regnant en Bretagne le Roy Hoël II. & vint en la
Bretagne Armorique, &, désirant vivre éloigné de la conversation des
hommes, il se retira en un lieu qu’il trouva propre à son dessein, situé en la Paroisse
de Duault, près la ville de Carhaix, ès domaines du Seigneur de Quelen, qui luy donna
autant de terre pour bastir son Hermitage, qu’il pourroit enclore de fossez en un jour.
Ayant obtenu ce don, il remercia son Bien-faiteur, &, apres avoir fait priere à Dieu,
- ↑ Chanoine Guilloton de Corson : Récits de Bretagne, 1resérie, p. 256.