LA �IE DE . ELAINEo 571 Galltrane, l’envoya prier de venir en France; fi quoy le saint Prlat se rendit difficile du commencement, fatsant scrupule de s’oigner du troupeau que Dieu luy avoit recom- mand; ncanmoins, press des importnnitez du Roy HoWl (fi qui le Roy de France avoit 6crit h cette intention), & voyant l’occasion se presenter de faire quelque fruit au Royaume de France, il partit de Rennes, cn compagnie de ceux qui l’ftoient venus querir, & alia troux, er le Roy Clovis, qui le recueillit fort benignement & luy tmoigna le contentement qu’il rccevoit de son arrivde; &, pour le retenir ensa rout, i11e fit son conseiller d’Estat, cornroe il axoit, de precedant, fait S. Remy, Archevesque de Rheims, avec lequel il mania, quelque temps, les plus importantes affaires dt royaume. Pendant qu’il sejourna en France, il s’employa particulierement / l’instruction des Francois nourellement convertis & h la reformation de la tour du Roy, de laquelle il bannit les personnes vicieuses &-introduisit des hornmrs excellens en doctrine & pietY, auxquels il procuroit de bonnes pensions; il fichissoit le Roy/i compassion envers les paulres, s affaires desquels il s’employoit voloutlets, & leur distribuoit de g-osses aum6nes que le Roy luy mettoit entre mains {t cette fin. Sa charit ne se contint pus dans les limites de la cour du Roy, mats s’estendit & se communiqua t la campagne, / l’endroit des illageois, lesquels il alloit prescher par les villages, prenant un soin particulier de les instruire en la Foy Catholique, dtruisant leurs Autels prophanes, brisant leurs Idoles & ruinant les temples de quelques idoltres, qui croupissoient encore dans leurs superstitions. Pendant son s6jour en France, Dieu l’honora de plustents miracles, nommment en la dlivranc de possedez du nalin esprit, lequel il chassa de deux damoiselles de la Maison du Roy Clovis, lesquelles, lorsque le saint Prlat entra dans le paints, commencerent / se debattre d’une estrange faon, &, ayans est/, route pein amendes derant luy, furent entierement delivres. IX. Ayant pass deux annes en France, & voyant que les affaires de la Religion s’y portotent bien, it prit cong du Roy Clovis & s’en retourna h Rennes, o/t il fur receu du Roy HoWl & de tout le peuple, avec une joye extreme &,peu apres, il visita tout son Diocese, guerissant Ies realaries, sourds, botenx, avengles, muets, paralytiques, & nutres infirmes; &, pour cachet aux yeux des homnes la ertu que le Souverain l{edecin luy ax, oit confer6e, & conserwer la vertu d’humilit, il usoit de l’application de quelque legere emplastre, afin que la grace des guerisons que Dieu luy a,/oit octroyCe lust plfitost attribu6e h la vertu des simples qu’/ ses merites. II usoit, le plus souleat, enses guerisons de l’Onction du saint Cresme, cornroe il fit / l’endroit d’une grande Dame, nomme Eve, qui demeuroit au pays du {aine, sur les confins de l’Evesch de Rennes, laquelle ayant est detenu au lit, douze ans, tourmente d’une fascheuse maladie, ayant ouy dire que saint Melaine faisoit sa visite en la prochaine Paroisse, l’envoya prier de la venir voit, ce qu’il fit, &, l’ayant oincte d’Huile sainte, & luy ayant donn sa benediction, elle fur guerie sur le champ. X. Le Roy de Bretagne Ho/Jl IL de ce nora, estant mort, l’an de grace 560. le Prince Alain, son ills aisn, fur couronn par saint Melaine, en l’Eglise de saint-Pierre de Rennes, lequel continua nostre saint Prlat en l’office de son chancelJer. Le Roy de France Clotaire, ayant vaincu & tu le Prince Connebert, Comte de Rennes & de Nantes, s’en vint h Rennes, l’an 563. & amena saint Melaine en France, pour la seconde fois, & le fit son conseiller d’Estat, avec les roesroes appointemens qu’il a,/oit du Roy Clovis; mats Clotaire estant deced l’an suivant 564. saint Melaine s’en retourna en son Eveschq. I1 alla une fois/i Angers visiter saint Abin, son compatriote & bon amy, & aoit emnen ensa conpagnie un saint Religieux, nomm Mars, originaire de la Paroisse de Bayns, en son Diocese; estant arriv6 vets saint Aubin, il y trouva saint Victor, Evesque du Marts, & saint Lauton, Evesque de Coustance, qui l’estoient aussi venus xisiter; le lendemain,
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