Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/611

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572 ces cinq Saints allerent isiter la Chapelle de Nostre-Dame du Ronceray, alors hots (nain- tenant dedans) la ville en de/t la riviere du Maine, off S. Melaine celebra la Mcssc, (soit que saint Aubin luy deferast par bonncur, ou, ce qui cst plus probable, quc l’Evesch6 de Rennes, s’estcndit jusqu’/ laditc riviere, aussi-bien que la domination de nos Princes Bretons). Selon la loftable coustume de ces temps-lb, il benit lcs Etdogics (1) et les distribua aux outres Saints, qui les rcceurcnt & mangerent, saint Mars scul except6, qui, pour quelque consideration, serra la siennc dans son scin, &, fi quelque temps de 15, l’y estant all6 chercher, il ne trouYa plus son Eulogie, mais un hydeux serpent qui luy ceignoit le corps, cornroe d’une ceinture, dont il rut extrcm6mcnt eftroy6; &, reconnois- sant sa faute, il alia trouver saint Mclaine, se prosterns h scs pieds, luy demanda pardon, receut sa benediction, &, incontinent, ce serpent reprit sa premiere forme d’EulotIie. XI. Estant all6 une lois h Vcnncs, comme il cntroit dans la ville, on luy dit qu’un jeune hornroe, possed6 du malin csprit, vcnoit de se pendre, (chose qui affiigeoit cxtrem6mcnt ses parens, qui 6toient des principaux de la ille) le saint Pr61at sceut, par revelation divine, que l’ennemy s’estoit hast6 de d6pcscher ce pauvre garon, avant son arriv6e, &, s’estant fait conduire lh off estoit le corps, il le fit d6tacher du croc& cstendre sur le carteau, &, ayant fait sa priere, il le ressuscita, en presence d’une grande multitude de peuple, qui rendit grace/i Dieu &/i S. Melaine. De Vcnnes il alia/ Brains, visiter les Religieux du Monastere qu’il aoit 6difi6 ensa terre de Pletz, sur le bord de la rivierc de Viisines, off i! tombs realode; &, ayant reconnu que Dieu le vouloit appeller de ce monde, il se disposa / cn sortir, se munit des Saeremens de l’Eglise, &, ayant exhort6 ses Religieux 5 la vertu & fi la perseverance en leur ocation, il rendit son Ame /t Dieu, le propre jour de l’Epiphanie, ou Feste des Roys, 6. jour de janvicr, l’an de grace 567. qui estoit le 62. de son Pontiffcat. XII. Si-tost qu’il cut rendu l’esprit, S. Artbin EYesque d’Angers, S. Victor Evesque du Marts, S. Lauton Evesque dc Coustanee, & S. Mars sc trouvercnt t Pletz, par une speciale disposition de la providence de Dieu, pour assister scs obseques, &, ayans dispos6 tout cc qui estoit necessaire pour lcur conduite, chargerent le Corps saint sur un butteau & y entrerent aec le Clerg6; &, si-tost qu’ils y furent entrez, la riviere de �ilaines (qui lots estoit peu navigable), les ports, contre le courant & fil de l’cau, sans voiles, rames ny autrc ayde humaine, jusques fi la ville de Rennes, douze bonnes licu6s pour le tooins. La nouvelle de la mort de S. Mclaine ayant est6 sceue h Rennes, on cut dit, h voit le dueil qu’on en faisoit, qu’un chacun, cn particulicr, efit pcrdu son pete. Le Corps saint approchant, toute la xdlle accourut sur lcs tourallies & sur les bords de la riviere pour le voit. I1 yan, oit, sur le bord de la ri�iere, une grosse tour, dans laquelle cstoient cnferm6s quatre volcurs, lesquels, cntendans le bruit que incnoir le peuple, le chant du Clerg6 & le son des clochcs, sachans que c’estoit le Corps du Gloricux S. Melaine qu’on apportoit cn ville, se voilerent luy, le suplians dcles d61ivrer, promettans amandement de vie. A peine eurent-ils achev6 leur vceu, que les mennotes ]eur tomberent des mains & les fers des picds, & la tour, se cr6vant, leur donna libre passage. Cepcndant, lc saint Corps fur port6 en ville & les obseques solemnellement faites en la Cathedrale. Los quatre voleurs estans hots la prison, allerent droit h Saint-Pierre, qu’ils trouverent si plcin de pcuple, qu’ils n’y pfirent cntrer d’abord; neanmoins, prenans courage, ils fcndirent la pressc & frent rant, qu’ils arriverent jusques au Chceur o6 estoit le Corps du Saint, derant lequel s’estant prosternez par terre, ils remercierent Dieu & leur saint Liberatcur, & publierent hautement leur miraculeuse d61ivrance. (1) Eulogie S e’estoit du pain ou autre choe bonne que l’on ditribuoit aux fideles en signe de charit6, union et communion cathollclue. A.