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LA VIE DE SAINTE OSMANE VIERGE,

Solitaire en Bretagne. Le 9. Septembre.

IRLANDE parmy les espines a produit un beau Lys, qui se trouve heureusement transporté dans le parterre de la Bretagne Armorique, pour prendre place au nombre de ses fleurs. Ce beau Lys, blanc de pureté, est l’Illustre Princesse Osmane, dont les Archives de l’Auguste Basilique de Saint Denys s

en France, font une honorable mémoire. Elle se nommoit auparavant Av~/av/ar-ua, pendant qu’elle estoit encore en son Pays d’Irlande ; où quoy que ses parens fussent infectez des ordures du paganisme, elle se sentoit neanmoins toûjours inspirée de se faire Chrestienne ; pour y parvenir, voyant que son Pere, qui estoit un Roy de ce Pays, l’avoit promise en mariage à un autre Prince Payen, elle se résolut une fois de laisser son Pays, avec toutes ses richesses, & mesme le Royaume, auquel elle prétendoit, pour se réfugier en France, où elle aborda par la petite Bretagne, appelléc communément l’Armorique ; n’ayant pour toute suite qu’une seule servante nommée Anclitena. II. Elle s’adressa à l’Evesque de S. Brieuc, pour se faire instruire plus pleinement des divins Mysteres de nostre sainte Foy, desquels estant imbûë, elle se fit baptiser, & afin de vivre plus inconnuë au monde, ne voulant estre connuë que des yeux de Dieu, elle prit au Baptême le nom d’Osmane. Cette Sainte enûammée d’un saint désir de se rendre agréable à l’infinie bonté de son Dieu, & de conserver le précieux joyau de sa chasteté, s’enferma dans une cellule, où elle pouvoit bien dire avec le grand saint Paul Que toute sa conversion estoit au Ciel, ou estoit son trésor. Je ne sçay pas combien de temps, elle demeura en cette solitude, parce que son Histoire ne nous en dit rien mais bien puis-je avancer après l’Autheur du Martyrologe des Saints de France, qui en a fait l’Éloge, que cette sainte Princesse ayant passé la fleur de son âge en toute chasteté, dans le jeûne, dans les prieres, & dans les saintes méditations, elle supplia son Evesque de luy vouloir apporter le sacré Viatique, dont estant munie elle s’en alla joyeusement dans les clartés éternelles, prendre possession du Royaume Celeste, pour recompense du terrestre, qu’elle avoit abandonné pour l’amour de son divin Espoux, à qui seul elle avoit voulu plaire, pour jouir de luy dans l’Eternité.

III. Après sa mort, Dieu faisant paroistre par les miracles qu’il o.peroit à son Tombeau, quel degré de gloire son âme possédoit au Ciel, son corps fut levé de terre, & enfermé dans une châsse de vermeil doré, que deux Evesques, l’un d’Aire & l’autre de Léon, luy firent travailler, où il reposa en Bretagne au grand bien de la Province, jusques au temps que pour la crainte des Normands qui n’ayans pas encore changé ce naturel farouche, & qui tenoit du Barbare, avec la douceur qu’ils ont prise par après, faisoient des irruptions en Bretagne il a esté porté en l’Église de Saint Denys en France, où il fut receu le 22. Novembre qui est le jour marqué pour sainte Osmane, au Martyrologe des Anglois, suivant les Nottes de Philippes de Ferrare. Mais enfin ce précieux trésor que l’on avoit sauvé de la fureur des Normands, n’a pû éviter la rage des Heretiques Calvinistes, qui ont ravy ces precieuses Reliques, & les ont jettées au feu, faisans par ce moyen cette Sainte Vierge Martyre, long-temps après son trespas.