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LA VIE DU V. F. JEAN DE S. SAMSON.

Cette Vie a esté recueillie par Messire Julien Nicole, Prestre, du R. P. Simon Minime, qui rauot7 prise du Mar/t/ro-e de France, composé par Monsieur du Saussay, & de Robert Buckland.

LA VIE DU VENERABLE FRERE JEAN DE S. SAMSON,

Aveugle dès le Berceau, & Re-teu.c Carme de la 7 !e/brme de Rennes, decedé en odeur de Sainteté. Le Septembre 1636.

E Venerable Frere Jean de S. Samson, nâquit selon le monde, à Sens, ville archiepiscopale le 29. jour de décembre 1571. mais sa seconde & plus precieuse naissance (à la vie Religieuse) fut au Convent des Carmes de Dol en Bretagne dans lequel Convent, & depuis en celuy de Rennes, il passa le

reste de ses jours avec une si merveilleuse Sainteté, que nous croyons ne devoir pas obmettre en ce lieu la vie de cét illustre Religieux, comme un des plus beaux ornemens dans son siècle, de cette Province, & ce qui regarde la vie Religieuse, vertueuse & contemplative.

Son Pere s’appelloit Pierre du Moulin, & sa Mere Marie d’Aiz, personnes considérables en noblesse, en richesses, & plus encore en pieté, specialement envers la Sainte VIERGE, à laquelle cette famille estoit de tout temps très-affectionnée.

Il estoit encore dans le berceau lors qu’estant attaqué de la petite verole, ce mal luy fist perdre la veuë, faute d’avoir esté bien traité. Mais pour mieux dire, ce fut un effet de la Providence de Dieu, qui voulut priver cét enfant de la veuë corporelle, afin qu’étant aveugle aux choses de ce monde avant que de les pouvoir connoistre, il fust par après plus disposé à contempler en esprit celles de l’Eternité. Dés l’âge de dix ans il perdit son Pere & sa Mere, & tomba sous les soins d’un tuteur qui l’eleva mediocrement dans l’étude des Lettres, & parfaitement en celle de la musique, du jeu de l’orgue, & de quelques autres instrumens. Mais Dieu le vray Pere des orphelins, commença dés lors à l’instruire à une plus sainte École & le prévenant des bénédictions de sa douceur, le degousta de l’étude des Arts & des Sciences naturelles, afin de l’instruire sans empeschement en la science des Saints.

À l’imitation de nostre Sauveur JESUS-CHRIST, (lequel âgé de douze ans s’absenta de sa sainte Mere & de son Pere Putatif pour se retirer dans le Temple), cét enfant aveugle, non gueres plus âgé, quitta la maison de son oncle maternel, qui estoit son tuteur, & comme son Pere, & alla passer un long espace de temps en quelque lieu écarté, que je n’ay pû sçavoir, là où il avoit plus grande liberté de se faire lire des livres spirituels, & s’exercer à la pieté chrestienne, & à la vraye mortification de soymesme. Ce fut là que Dieu commença tout de bon à verser dans cette Ame innocente les douceurs de son amour. Il assistoit toûjours au service divin, au Predications, fréquentoit les Sacremens, & s’adonnoit à l’Oraison vocale & mentale, avec des fruits tous singuliers de sorte que se nourrissant de ce pain des grandes Ames, il alloit croissant en âge & en sagesse devant Dieu & devant les hommes.

Estant âgé de 25. ans il alla demeurer à Paris chez son Frere qui estoit Secretaire, Tresorier, & Payeur de la Gendarmerie de France & là s’adonnant à la lecture qu’on