Page:Le Grand Meaulnes.djvu/299

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figure bouffie, un petit crâne allongé et déformé par les fers :

— Ce n’est rien, dit M. de Galais, le médecin a dit que tout cela s’arrangerait de soi-même… Donnez-lui votre doigt, elle va le serrer.

Je découvrais là comme un monde ignoré. Je me sentais le cœur gonflé d’une joie étrange que je ne connaissais pas auparavant…

M. de Galais entr’ouvrit avec précaution la porte de la chambre de la jeune femme. Elle ne dormait pas.

— Vous pouvez entrer, dit-il.

Elle était étendue, le visage enfiévré, au milieu de ses cheveux blonds épars. Elle me tendit la main en souriant d’un air las. Je lui fis compliment de sa fille. D’une voix un peu rauque, et avec une rudesse inaccoutumée — la rudesse de quelqu’un qui revient du combat :

— Oui, mais on me l’a abîmée, dit-elle en souriant.

Il fallut bientôt partir pour ne pas la fatiguer.


Le lendemain dimanche, dans l’après-midi, je me rendis avec une hâte presque joyeuse aux Sablonnières. À la porte, un écriteau fixé avec des épingles arrêta le geste que je faisais déjà :

Prière de ne pas sonner

Je ne devinai pas de quoi il s’agissait. Je frappai assez fort. J’entendis dans l’intérieur des pas