— Eh bien ! eh bien ! dit M. de Galais très fort, avec un enjouement affreux, qui semblait de folie, vous voyez que pour une malade elle n’a pas trop mauvaise mine !
Et je ne savais que répondre, mais je gardais dans la mienne la main horriblement chaude de la jeune femme mourante…
Elle voulut faire un effort pour me dire quelque chose, me demander je ne sais quoi ; elle tourna les yeux vers moi, puis vers la fenêtre, comme pour me faire signe d’aller dehors chercher quelqu’un… Mais alors une affreuse crise d’étouffement la saisit ; ses beaux yeux bleus qui, un instant, m’avaient appelé si tragiquement, se révulsèrent ; ses joues et son front noircirent, et elle se débattit doucement, cherchant à contenir jusqu’à la fin son épouvante et son désespoir. On se précipita — le médecin et les femmes — avec un ballon d’oxygène, des serviettes, des flacons ; tandis que le vieillard penché sur elle criait — criait comme si déjà elle eût été loin de lui, de sa voix rude et tremblante :
— N’aie pas peur, Yvonne. Ce ne sera rien. Tu n’as pas besoin d’avoir peur !
Puis la crise s’apaisa. Elle put souffler un peu, mais elle continua à suffoquer à demi, les yeux blancs, la tête renversée, luttant toujours, mais incapable, fût-ce un instant, pour me regarder et me parler, de sortir du gouffre où elle était déjà plongée.