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XI
AVANT-PROPOS

devant les yeux telle que je viens de l’écrire. Et j’affirme qu’il existe encore en Bretagne beaucoup de villages « préhistoriques » comme celui-là, près desquels les cités lacustres d’il y a six mille ans étaient sans doute des coins paradisiaques. Et, ici, il ne s’agit pas d’exceptions dans une région donnée, mais de districts entiers, restés barbares, tout près de cantons très-civilisés[1].

Il est bien évident que ce défaut d’unité, cette diversité d’états d’âme s’expliquent par la diversité des choses extérieures. La Bretagne n’échappe pas à la règle.

« La vue quotidienne des mêmes aspects, a dit J. Hoche, à propos des Orientaux, finit nécessaire-

  1. Je ne croyais pas si bien dire. M. Le B…, un archéologue passionné, aussi modeste qu’érudit, a bien voulu me communiquer la belle page qu’on va lire, de M. Paul du Châtellier (explorations dans la commune de Loqueffut, montagnes d’Arrée, 1897) :
    « Les habitants actuels de ce lieu sauvage sont bien les descendants de ceux dont nous venons de troubler les sépultures. Surpris dans nos travaux par une tempête de neige, nous fumes obligés de nous réfugier dans une cahute que nous apercevions à 150 ou 200 mètres. Quel ne fut pas notre étonnement, quand nous y eûmes pénétré, de nous trouver dans une habitation de l’époque de la pierre !
    Le lit est fait de grandes pierres plantées de champ en terre, entourant un rectangle rempli de paille, sur laquelle sont jetées quelques loques. Là couchent le père, la mère, et trois enfants ! La table est un dolmen : deux pierres posées de champ en terre :
    dessus, une dalle. L’armoire est un coffre adossé au lit fait de trois