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356 LE KORAN.  

CHAPITRE XXXVI.

Ya. Sin.[1].


Donné à la Mecque. — 83 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. Ya. Sin. Je jure par le Koran sage
  2. Que tu es un envoyé
  3. Marchant dans le sentier droit,
  4. Par la révélation du Puissant, du Miséricordieux,
  5. Ann que tu avertisses ceux dont les pères n’ont pas été avertis, et qui vivent dans l’insouciance.
  6. Notre parole s’est vérifiée à l’égard de la plupart d’ entre eux, et ils ne croiront pas[2].
  7. Nous avons chargé leurs cous de chaines qui leur serrent le menton ; ils ne peuvent plus redresser leurs têtes.
  8. Nous leur avons attaché une barre par devant et une barre par derrière. Nous avons couvert leurs yeux d’un voile, et ils ne voient rien.
  9. C’est tout un pour eux ; que tu les avertisses ou non, ils ne croiront pas.
  10. Prêche plutôt ceux qui suivent le Koran et redoutent Dieu dans le secret de leurs cœurs ; annonce-leur le pardon et une récompense magnifique.
  11. Nous ressuscitons les morts, et nous inscrivons leurs œuvres et leurs traces. Nous avons compté tout dans le prototype évident[3].
  12. Cite-leur comme exemple les habitants d’une ville que visitèrent des envoyés de Dieu[4].

  1. Ce chapitre, intitulé Ias, ou plutôt Ya Sin (deux lettres dont le sens est inconnu et qui se trouvent en tête du premier verset) est récité comme prière des agonisants ou des morts. Mahomet l’avait appelé le cœur du Koran.
  2. C’est, disent les commentateurs, cette parole de Dieu : Je remplirai la géhenne d’hommes et de génies ; aussi Dieu les a rendus inaccessibles à la foi, incapables de comprendre ses enseignements.
  3. Le prototype évident ou le Livre évident, ou la Table bien gardée, c’est le livre où sont inscrites les actions de tout homme.
  4. Tout ce passage, depuis le verset 12 jusqu’an 29, pouvait se rapporter, dans la pensée de Mahomet, à un fait particulier et réel dont il aurait entendu parler vaguement. Les commentateurs le rapportent à la mission de deux disciples de Jésus-Christ, envoyés par lui à Antioche pout prêcher l’unité de Dieu. Les idolâtres de cette ville les reçurent fort mal, et les jetèrent même dans un cachot ; ce que Jésus ayant appris, il s’empressa d’envoyer Simon-Pierre. Celui-ci, en arrivant à Antioche, feignit d’abord d’être un polythéiste zélé, et, habile en même temps à opérer des miracles, il parvint ainsi à gagner la faveur du peuple et des grands. Peu après, il témoigna, comme par hasard, l’intention de voir les deux apôtres dans le but de les confondre ; il eut toutefois soin de les prévenir qu’ils eussent l’air de ne pas le connaître. Quand on amena les deux apôtres devant Pierre, il les interrogea sur leur mission et sur la religion qu’ils prêchaient, puis il leur porta le défi d’opérer un miracle décisif, comme de ressusciter des morts ; car, pour rendre la vue aux aveugles, il en était capable lui-même. Là-dessus, on fait apporter un enfant mort depuis sept jours, et les deux apôtres lui rendent la vie. Pierre, venu pour les confondre, s’avoue vaincu, déclare tout haut vouloir embrasser le culte unitaire, se met à briser les idoles, et entraîne ainsi une grande partie des habitants d’Antioche. Ceux qui demeurèrent incrédules furent exterminés par un seul cri de l’ange Gabriel. L’homme accouru de l’extrémité de la ville (verset 19) est un certain Habib, charpentier d’Antioche, dont les deux apôtres avaient précédemment guéri l’enfant par la simple imposition des mains, Cet homme souffrit le martyre, et son tombeau est à Antioche l’objet de la vénération des mahométans. (Voy. Sale, The Koran.)