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  sur mahomet. xiii

çait de mort, quelquefois la foule ameutée le poursuivait par des cris, par des huées, on le traitait de menteur, d’imposteur, de fou, de possédé. C’est à un de ces incidents de sa mission que se rapporte le chapitre LXXIV, qui lui fut révélé pour le consoler des outrages et l’encourager à continuer son œuvre. Le nombre de ses partisans ne fit que grossir pendant le pèlerinage de la Mecque, lorsque les pèlerins accourus de tous les points de l’Arabie, et qui ne pouvaient pas ignorer ses prédications, en reportaient le récit dans leurs foyers. C’est de cette manière que se recruta à Yathrib (Médine) le nombre de ses partisans, qui lui furent bientôt d’un si grand secours. Par suite des conversions secrètes et des prédications ouvertes, souvent une seule famille se trouvait partagée en deux partis religieux. C’est alors que les outrages prodigués au détracteur des dieux se changèrent en une haine implacable et violente. Cependant, comme un acte de violence commis sur Mahomet aurait infailliblement conduit à l’effusion du sang, quelques Koreïchites tentèrent une dernière démarche auprès de lui pour lui persuader de quitter la Mecque ou de cesser ses prédications ; on lui offrit des richesses, des honneurs dans sa ville natale, et enfin on s’engagea à faire venir les médecins les plus habiles pour le guérir de sa maladie, si en effet sa conduite était l’effet d’une hallucination ou d’une influence du démon. Pour toute réponse, Mahomet se mit à réciter à ses interlocuteurs le chapitre Ha-Mim. Voici la révélation qui vient du clément, du miséricordieux, etc., chapitre XLI. N’ayant pas réussi à le convaincre, les Koreïchites lui demandèrent d’obtenir au moins de Dieu quelques miracles en faveur de la Mecque. Mahomet répondit qu’il n’avait pour mission que de prêcher le culte unitaire et d’appeler les hommes à la vérité, et qu’il ne lui était pas donné de faire des miracles.

Impatientés par ces réponses, les Koreïchites l’accusaient de n’être que l’écho de quelques chrétiens[1], et il ne manquait pas de gens à la Mecque pour qui ces prétendues révélations du ciel n’étaient qu’un tissu incohérent de contes bien inférieurs pour le fond et pour la forme aux livres religieux et même aux compositions historiques ou poétiques des autres peuples[2]. Selon les historiens de Mahomet, les Koreïchites envoyèrent auprès des rabbins de Yathrib (Médine) une députation pour leur dépeindre Mahomet, leur donner la substance de sa religion et pour leur demander ce qu’ils en pensaient. Les rabbins répondirent : « Demandez-lui qu’est-ce que certaines gens des siècles passés dont l’a-


  1. Il y avait en effet à la Mecque un orfèvre chrétien nommé Djebr, chez qui Mahomet allait souvent.
  2. Il y avait surtout à la Mecque un Koreïchite nommé Nadhr, qui avait beaucoup voyagé et qui établissait souvent entre les prédications de Mahomet et les récits historiques des Perses une comparaison tout à fait défavorable aux premières.