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68 LE KORAN.  
    naît votre foi[1]. Vous venez tous les uns des autres (et d’Adam, le père commun). N’épousez les esclaves qu’avec la permission de leurs maîtres. Dotez-les équitablement. Qu’elles soient chastes, qu’elles évitent la débauche, et qu’elles n’aient point d’amants[2].
  1. Si après le mariage elles commettent l’adultère, qu’on leur inflige la moitié de la peine prononcée contre les femmes libres[3]. Cette loi est établie en faveur de celui qui craint de pécher en restant célibataire. Mais si vous vous absteniez, cela serait plus méritoire. Dieu est indulgent et miséricordieux.
  2. Dieu veut vous expliquer clairement ses volontés et vous guider dans le chemin de ceux qui vous ont précédés. Il agréera votre repentir, car il est savant et sage.
  3. Dieu veut agréer votre repentir ; mais ceux qui suivent leurs passions veulent vous entraîner dans une pente rapide. Dieu veut vous rendre son joug léger, car l’homme a été créé faible.
  4. Ô croyants ! Ne consumez pas vos biens entre vous en choses vaines, à moins que ce ne soit un marché conclu à l’amiable[4] ; ne vous tuez pas entre vous[5]. Dieu certes est miséricordieux envers vous.

  1. C’est-à-dire, contentez-vous de la profession de foi de celles que vous épousez, sans écouter leurs consciences.
  2. Voy. chap. V, 7.
  3. Ce passage prouve que la peine de l’adultère n’était point la mort ; autrement il ne serait pas question de la moitié de la peine.
  4. C’est-à-dire, ne vous enlevez pas les uns aux autres ce que chacun possède, par les jeux de hasard, par l’usure et autres gains illicites ; mais vous pouvez avoir le bien d’autrui légitimement, c’est-à-dire par le trafic, par le commerce.
  5. Le sens de ce passage est incertain, et le vague résulte de l’emploi différent que peut avoir le mot nafs (personne, individu, âme, soi-même), en sorte qu’on peut tout aussi bien traduire ne tuez pas vous-mêmes, vos personnes, les uns les autres, ne vous entretuez pas, ou bien ne vous tuez pas vous-mêmes, ne commettez pas le suicide. Les commentateurs ne savent pas eux-mêmes dans quel sens il faut prendre ces mots ; cela peut signifier, disent-ils, ne vous jetez pas vous-même dans la mort comme les Hindous idolâtres, ou bien ne vous tuez pas entre vous, musulmans, car vous ne faites qu’un seul, et pour ainsi dire une seule âme (nafs). On rencontre, il est vrai, souvent en arabe l’expression la taktol nafsak, ne tue pas ton âme, c’est-à-dire, ne te tue pas (à force de te livrer à la douleur, etc.) ; mais le mot nafs, mis au pluriel, jette du vague ; il en serait de même en français, si on se contentait de dire : « Ne vous tuez pas. » Le commencement du verset est dirigé contre la convoitise et l’enlèvement illicite du bien d’autrui, et le législateur a pu ajouter en passant la défense du meurtre. D’un autre côté, les mots à la fin du verset : « Dieu est miséricordieux envers vous », sembleraient indiquer qu’il s’agit de la défense du suicide.Voy. IV, 69, où l’on se sert de cette expression.