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TAPECUL, s. m. (parlant par respect). — Ce n’est pas, comme le dit l’Académie, « une voiture cahotante et rude ». C’est une sorte de voiture de campagne, légère, à deux roues et non couverte. Un tapecul peut être très bien suspendu, mais il est évident que l’idée primitive qui a inspiré le nom est celle d’une voiture qui fait taper la seconde partie du mot.

TAPÉE, s. f. — Quantité, grand nombre. Une tapée de mardous, Une troupe d’enfants. — Comment une « quantité de tapes » est-elle devenue une « quantité » en général ? L’explication serait-elle dans poires tapées, où l’on aurait vu l’idée d’une grande quantité d’objets pressés les uns contre les autres ?

TAPER, v. a. — « Donner des coups à quelqu’un pour le battre ; dites frapper. » (Molard.) — Mais « taper, frapper », est au Dictionnaire de 1798 !

TAPIS NOIR. — Le Toine s’est glissé en tapis noir pour me voir coucher, mais je te l’y ai campé une gifle. — Le fait est qu’un tapis noir n’est pas voyant et ne fait pas de bruit.

TAPISSERIE, s. f. — Papier peint. Tâche voire moyen de ne pas abîmer la tapisserie ! — Les murs étant autrefois garnis de tapisserie, la dénomination a été conservée lorsque la tapisserie a été remplacée par du papier peint.

TAPONNER, v. a. — Bourrer, mettre en tas, surtout en parlant du linge. Mme de Sévigné emploie taponner dans le même sens. Du franç. tapon, bouchon. Taponner : mettre en tampon.

TAQUE, s. m., terme de canuserie. — Cale de bois en forme de coin qui, prise entre la tête du rouleau de devant et le pied de métier, servait jadis à maintenir fixe ce rouleau. De mon temps déjà, le taque était remplacé par une roue dentée, avec un chien s’abattant sur les dents. Lorsque l’ouvrier avait fait environ deux pouces d’étoffe, il « tournait devant » pour faire enrouler d’autant l’étoffe, en faisant avancer la roue de deux ou trois dents. Aujourd’hui l’étoffe s’enroule automatiquement à chaque coup de battant, à l’aide d’un mécanisme appelé régulateur.

Mettre en taque ou entaquer. C’était proprement, après avoir inséré le compasteur (voy. ce mot) dans la rainure du rouleau de devant, fixer celui-ci à l’aide du taque pour commencer à battre. L’expression s’est conservée alors même que l’ouvrier ne sait plus ce que c’est que le taque, et aujourd’hui entaquer, c’est mettre le compasteur dans le rouleau, ou simplement, par extension, se mettre en mesure de commencer le tissage de la pièce.

— D’une racine tac (voy. tacon). Sur l’extension du sens, comp. petas (voy. ce mot) qui, de pièce rapportée sur une étoffe, a pris le sens de gros morceau.

TAQUENET, s. m. — Terme d’amitié comme Bouffi, Gros malin, qui s’adresse à un gone un peu patet qui veut faire le tarabâte.

TAQUET, s. m. — C’est un taquet de moulin. Se dit de quelqu’un qui parle beaucoup. Taquet est pour traquet.

TAQUIER, s. m. — Constructeur de bateaux. — Depuis que Molard a signalé ce mot, il me paraît tombé en désuétude. — Du celtique tac, tag, clou, cheville, pointe. De ce que le taquier cheville et cloue les planches composant le bateau.

TARABAT, s. m. — Bruit, bouleversement, remuement bruyant, remue-ménage. — Vieux franç. tarabat, tapage, fait sur rabast (voy. rabâter), avec un préfixe péjoratif.

TARABÂTE, s. m. — Se dit d’une personne remuante, turbulente. Mon Guieu, que c’t enfant est don tarabâte ! — Subst. verbal de tarabâter.

TARABÂTER, v. n. — Remuer bruyamment. Se tarabâter, s’agiter, se tourmenter. Quand on se tarabâte trop, on se carcine les sanques. — De tarabat.

TARTEIFLE (ei prononcé comme en grec). s. m. — Surnom donné aux Allemands. — De der Teufel, leur juron ordinaire.

TARTEIFLES, TARTIFLES, s. f. pl. — Pommes de terre blanches. — Du piémontais tartifla, même sens, de terrae tubera.

TATAN, s. f. — Tante.

La Tatan Pierrette. — Surnom comique